Histoire succincte de la batellerie européenne.


Au XIXe Siècle, il existait trois types de voies d'eau en Europe de l'Ouest :

  • De grands fleuves et rivières a fort courant comme le Rhin et le Rhône.
  • Fleuves et rivières à courant modéré comme la Saône, la Seine ou encore la Meuse...
  • Les canaux, construits par l'homme
  • L'apparition du moteur à vapeur (1820) permit à l'homme un substitut à la traction animale sur les grands axes.


    Le Toueur qui s'auto tractait sur une chaîne déposée dans le lit de la rivière et tirait ainsi un train de péniches en fut la première application.

    Elle fut suivie par l'apparition du vapeur à aubes qui autorisait une remonte relativement rapide des fleuves à des bateaux de transport de grande taille. Ces unités à l'étrave affûtée avaient une longueur de 80 à 100m et une largeur importante qui permettaient le transport d'un bon tonnage de marchandises ainsi que des passagers sur les voies d'eau à faible mouillage comme le Rhône ou le Rhin.

    1860 : Sur les rivières à faible courant ainsi que sur les canaux, l'unique moyen de traction jusqu'à ce que l'hélice soit efficace quelques années plus tard restait le halage humain ou animal.

    1879 : En France, Mr de Freycinet harmonisa le réseau des canaux en construisant des écluses de taille identique, toute d'une dimension d'environ 40m x 5,20m. En conséquence de quoi la taille des bateaux de transport évolua vers le standard 38,50m x 5m qui est encore en activité de nos jours. Ces péniches de bois étaient halé sur les canaux par chevaux, mulets, hommes, femmes et enfants.

    1890 : À cette époque, l'hélice est fiable, ingénieurs et chantiers navals dessinent une carène fluviale dont l'étrave pointue fendait aisément l'eau des fleuves et rivières. La poupe, très relevée, permettait une bonne arrivée d'eau à l'hélice. Les remorqueurs à vapeur furent légions, ils pouvaient tracter jusqu'à six péniches de type Freycinet chargées sur les voies d'eau à faible courant. Aux Pays-Bas, plat pays, les écluses n'étaient pas nombreuses et les remorqueurs pouvaient opérer également sur les canaux.

    Simultanément, les autorités amélioraient les voies d'eau en construisant des écluses plus larges, des barrages qui en augmentant le mouillage permettaient le transport d'un tonnage accru.

    Les remorqueurs fourmillaient dans les estuaires Belge et Néerlandais. Beaucoup de bateaux travaillaient encore à la voile dans cette partie de l'Europe, SteilstevenKlippers, Tjalks (carène des plus ancienne) livraient leurs marchandises jusqu'en Angleterre, Bretagne et plus.

    La construction navale métallique naissante reproduit ces carènes admirables, d'origine bois, à l'identique.
    1910 :
    Apparition du moteur Diesel qui donna de l'indépendance aux unités fluviales. Les premiers moteurs n'étaient pas très puissants et les automoteurs devaient avoir des étraves pointues (pict: bateau). Naissance des Spits et Luxe Motors dans les zones d'estuaires du nord. Il semblerait que la forme des Luxes Motor s'inspira de la carène des remorqueurs car elle a les mêmes caractéristiques. Le logement situé à l'arrière de la marquise était très luxueux, équipé d'une cuisine et d'un wc.

    Il faut réaliser qu'à cette époque les habitations terriennes n'avaient ni eau courante ni toilettes. Ce type de bateau devint rapidement très populaire particulièrement en Belgique et Pays-Bas.

    1920 - 1930 : C'est durant cette décennie que la construction des luxes motors et autres automoteurs au gabarit Freycinet explosa en Belgique, nord de la France et Pays-Bas. Les moteurs diesels sont maintenant plus performants et fiables. La construction navale se tourne vers le métal, et reproduit les anciennes coques de péniches en bois. Étraves solides et puissantes dont les renforts métalliques pouvaient encaisser les chocs et les frottements constants dans les écluses. Ces Péniches ont un charme certain, les chantiers du nord et belges (Plaquet – Tamise – De Waechter) produisent des séries esthétiquement remarquables dont les logements offrent une débauche de menuiseries exceptionnelles, vitres biseautées, vitraux. Preuve que la profession se portait on ne peut mieux (photo Nemo).

    1930 - 1940 : Quelques remorqueurs à vapeur sont encore en activité sur les grands axes (certains d'entre eux (facture/porthos/la mouche) voient leur machine à vapeur remplacée par un Diesel) mais la nouvelle génération équipée de puissants moteurs Diesels les remplace peu à peu. Ils peuvent en effet remorquer plus rapidement un tonnage plus important.

    Les automoteurs pouvaient dorénavant livrer leur fret sur de longues distances (du nord des Pays-Bas jusqu'au Sud de la France), sans rupture de charge, grâce au réseau Freycinet.

    Les chantiers navals construisaient frénétiquement de nouveaux bateaux, la profession est alors probablement à son zénith.

    Les canaux du nord de la France sont pour la plupart équipés de tracteurs (électriques ou à moteur diesel) pour tirer les péniches non motorisées. Les toueurs de canaux dont le système de traction est une chaîne déployée dans le lit du canal, elle s'enroule sur un cabestan à l'aide d'un moteur électrique ; ces toueurs fonctionnent pour des traversées de tunnels.

    1950 - 1970 : Sur les grands axes, une nouvelle génération de bateaux apparaît : Les pousseurs qui remplacent progressivement les remorqueurs. Cette manière de travailler permet d'accroître le tonnage transporté et une plus grande facilitée de manoeuvre. Le pousseur, une caisse d'acier puissamment motorisée avec des logements d'équipage qui pousse des barges de grande taille.

    Les automoteurs de rivières-fleuves peuvent maintenant transporter jusqu'à 3000 tonnes grâce à des motorisations de plus en plus efficaces.

    Les péniches de type Freycinet se chargent des transports longue distance et une grande flotte de ces bateaux laboure les canaux d'Europe.

    Sur quelques canaux français tels que le Canal du Centre quelques péniches fonctionnent encore au halage humain et animal.

    Vers la fin des années soixante, aux Pays-Bas, les bateaux de travail, à voile (Tjalk, Steilsteven et Klipper) ne sont plus suffisamment compétitifs, ils restent à quai sans travail. Par chance, quelques marginaux passionnés de vie simple et directe en sauvèrent une bonne partie. Ces magnifiques voiliers devinrent des bateaux de charter pour étudiants s'initiant à la navigation à voile authentique.

    En France, à Paris, la faune artistique découvre ces espaces de métal aux grands volumes et transforme joyeusement les coques Néerlandaises et Freycinet qui en habitation qui en studio d'enregistrement ou encore en loft luxueux.

    1970 - 2000 : En France, le déclin du transport par eau s'annonce. Les canaux dont on néglige l'entretien se dégradent.

    Le transport par rail et route semble un choix économique plus avisé et en fin des années 80 on assiste à une éradication des Freycinet grâce à une loi européenne de déchirage. Le Batelier partant en retraite vendra son bateau à l'ONN (Office National de la Navigation) qui le détruira. Grâce aux bateaux logement, il nous restera quelques exemplaires de ces bateaux de fret qui rappelons le furent construit par milliers dans des centaines de chantiers navals.

    D'autre part, à cette période, le tourisme international se développe et quelques unités se trouvent recyclées en hôtel flottant- navigant de grand luxe (pict: péniches hôtels). De nos jours, un nombre croissant de ces bateaux travaille sur le réseau français permettant à des touristes étrangers de découvrir nos magnifiques régions au passé si chargé.

    À suivre...

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